LA JALOUSIE
Un système de jeu astreignant… Mais qui peut vous permettre de réaliser de belles présentations…
On accouple deux mâles avec une femelle – nous avons déjà dit qu’elle n’y regarde pas de si près.
Le nid se trouve au milieu d’un casier à triples compartiments et, ainsi, la femelle séjournera alternativement avec l’un des deux mâles. Il est évident que le ” trio ” ne peut jamais être en liberté… au complet.
Pour bien réussir, il faut que les mâles ignorent qu’ils sont deux à se partager les faveurs de l’élue. Sitôt que les concours sont en vue, on ouvre de temps à autre le compartiment du mâle momentanément séquestré : c’est immédiatement la bataille.
Il ne faut pas qu’elle dure et il faut, surtout, que le … meilleur gagne, c’est-à-dire celui qui a le plus de qualités sportives. Le jour de l’enlogement on garde celui-ci enfermé dans son compartiment, mais on remplace la cloison opaque par une cloison à claire-voie, ou par un verre de vitre.
Il est évident que ce mâle, voyant l’intrus détesté régner en maître dans sa propre demeure, va sentir la jalousie et la, fureur l’envahir.
On termine la préparation en enlevant la séparation et on saisit le mâle à enloger, sitôt qu’il a pu, avec l’aide du manager écarter son rival.
C’est un système de jeu épuisant et il faut beaucoup de doigté pour l’appliquer convenablement. Il est des mâles qui font merveille ainsi et il n’est pas rare de voir tomber en tête des sujets qui, joués naturellement, ne font rien de transcendant. On conseille aussi d’entraîner les deux mâles, car le meilleur n’est pas toujours celui qu’on pense !
LES "KOTJES"
Un système basé sur la défense du térritoire de chaque couple : celui-ci régulièrement repousser un intrus.
C’est une méthode de jeu pratiquée depuis longtemps en pays flamand, spécialement aux concours de vitesse.
Chaque couple reçoit un casier isolé avec sortie particulière au toit. On les dispose par rangées au grenier, contre le toit, et une ” tuile béante ” avec planchette d’arrivée donne accès à chaque compartiment.
Les couples couvent, élèvent, entrent, sortent et, ainsi connaissent parfaitement leur planchette et leur ” kotje “. Au début il faut prendre quelques précautions, car, si l’un ou l’autre pigeon se trompe de ” kotje “, il s ‘ensuit des batailles souvent dangereuses.
Quelque temps avant les premiers dressages on place journellement pendant une dizaine de minutes, un mâle fougueux, non accouplé et de couleur très voyante, dans chaque ” kotje ” : c’est le batailleur. Au bout de quelques exercices il connaît son affaire et les batailles font rage. C’est, bien entendu, le propriétaire du ” kotje ” qui doit remporter la victoire. Au retour de chaque dressage le mâle retrouve l’intrus dans sa demeure.
Tous les mâles connaissent bien vite ce batailleur et le haïssent mortellement. A l’arrivée, on montre le batailleur -on le pousse souvent par la tuile béante – et l’arrivant plonge comme un épervier sur sa proie. Ce jeu demande beaucoup de travail, mais pour la vitesse il ne semble pas qu’on ait trouvé mieux. Les pigeons m’en souffrent pas, car après un mois de dressage les batailles ne sont plus nécessaires : il suffit de montrer le batailleur au départ et au retour.
LA JALOUSIE DES FEMELLES
Une méthode originale de jeu des femelles…
On forme quelques couples dont les femelles seules vont partir aux concours.
On place les couples dans un colombier de petites dimensions et comportant autant de casiers qu’il y a de femelles à jouer.
A la deuxième couvaison, on enlève les mâles tous les soirs, vers 18h., quand toutes les femelles ont repris le nid.
On aura préparé un mâle de couleur voyante et très fougueux et on le lâche au colombier des femelles.
Il va, roucouler de-ci de-là et il se hasardera bientôt à faire l’une ou l’autre tentative… plus osée.
La femelle importunée chassera l’intrus à coups de bec et d’aile. Le même jeu recommence ailleurs…
Au bout d’une demi-heure on enlève le mâle étranger. Chaque après-midi la séance recommence et après peu de jours toutes les femelles quittent à la fois leur nid, sitôt que l’étranger arrive, et le rossent d’importance.
C’est le moment de commencer les dressages et le jeu.
Il n’y a pas de nombreuses années que cette méthode est connue. On l’appliquait, sans doute, mais … en secret.
Il est vrai que l’amateur qui a trouvé un nouveau système garde jalousement sa, trouvaille pour lui. C’est un jeu et la victoire se dispute chèrement. La jalousie des femelles convient surtout pour les épreuves à ” deux jours de panier ” (comme on dit), c’est-à-dire aux distances comprises entre 250 et 600 kms.
Nous l’avons appliquée avec quelques succès. Elle a le désavantage de sacrifier complètement les mâles.
LE DEMI-VEUVAGE
On appelle ainsi une méthode de jeu qui comporte la séquestration momentanée d’un des conjoints.
Sitôt que les jeunes sont à grain, soit à l’âge de dix jours – on n’en garde, bien entendu, qu’un seul – le conjoint qui ne voyage pas rejoint la volière et le voyageur se trouve seul à élever son petit.
Comme nous verrons plus loin le demi-veuvage des mâles, nous ne parlerons ici que des femelles.
Le mâle sera séquestré la première fois, quand le jeune aura 3 ou 4 jours, si un enlogement peut se faire à ce moment. La veille de l’enlogement on enlève le mâle, et la femelle reste seule jusqu’au moment du départ.
Sitôt qu’elle est partie on met le mâle en liberté et celui-ci s’empresse de rejoindre le nid et de reprendre sa fonction de nourricier. La femelle rentre souvent en tête, et le ménage normal continue à subsister pendant 2 ou 3 jours.
Deux jours avant le concours suivant, le jeune aura 9 à 10 jours. Le mâle est définitivement séquestré et la femelle, nourrie et abreuvée au casier, ne quitte plus son rejeton.
Elle va petit à petit se mettre dans une forme exceptionnelle. Elle repart et, si elle a quelque valeur, elle doit se distinguer. Pendant son absence, le mâle retourne à son jeune, mais il ne faut pas que les conjoints se revoient.
Pendant toute la semaine suivante, la femelle garde le casier. Doit-elle faire une volée de temps à autre ? Ce n’est pas indispensable, mais cela ne peut faire de mal.
Si le jeune devient trop grand, on peut le remplacer, pendant que la mère est en voyage, par un autre de même couleur, mais plus jeune.
En 1948, nous avons joué ainsi, avec succès, une femelle pendant 4 semaines. Au départ du dernier concours le pipant était complètement développé et, comme c’était un beau jeune mâle, il était bien plus grand que sa mère.
C’est un système idéal pour les femelles. On peut les jouer ainsi à toute distance, même aux concours de fond. Elles ne s’usent pas, elles pondent peu et l’élevage d’un seul jeune ne peut les épuiser.
Il est des amateurs qui gavent eux-mêmes le jeune, mais c’est tout à fait inutile si l’on a des femelles solides et puissantes. Les femelles très nerveuses ou… très amoureuses ne conviennent pas au demi-veuvage. Seules les véritables ” mères “, en fait les peu prolifiques, seront ainsi jouées et les autres, rarement bonnes voyageuses, serviront ” d’amusette ” aux veufs.