LES ACCOUPLEMENTS
Il est préférable de séparer les pigeons pendant 15 jours, pour pouvoir les accoupler comme on le veut. On met alors la femelle dans la case du mâle.
En principe, le pigeon est monogame, mais il change quand même facilement de partenaire.
– Les jeunes pigeons voyageurs peuvent s’accoupler dès l’âge de 3 à 4 mois. Il faut leur fournir de la paille ou des brindilles sèches pour que le couple puisse faire son nid.
– La ponte survient une dizaine de jours après l’accouplement (voir aussi l’appareil reproducteur). La femelle pond deux oeufs, le premier en fin d’après-midi et le deuxième en début d’après-midi, deux jours plus tard.
La couvaison dure pendant 17 jours après la ponte du deuxième oeuf. Les parents couvent alternativement : la femelle le matin et le soir, le mâle, l’après midi. On peut avoir une idée de l’avancement de la couvaison en présentant l’œuf devant une source de lumière.
LES PIGEONNEAUX
Quand ils sortent de l’œuf, ils sont aveugles, très fragiles et incapables de se déplacer. Ils ne portent qu’un fin duvet jaunâtre, inutile contre le froid. Les parents continuent donc de les garder au chaud.
– A la naissance, les parents gavent leurs petits d’un lait blanc et épais produit par le jabot. Ce lait (pape) est très nourrissant, car d’un jour à l’autre, le pigeonneau double et triple son poids et son volume.
– Les yeux s’ouvrent le quatrième jour.
– Dès le sixième jour, les parents commencent à incorporer des graines broyées au lait du jabot. Les plumes commencent à pousser.
Le baguage s’effectue entre le sixième et le dixième jour.
– Au quinzième jour, le pigeonneau, qui est dix fois plus gros qu’à la naissance, ne reçoit plus que des graines et de l’eau. Il est toujours au nid. Son plumage est bien développé et il commence à lutter seul contre le froid.
– Vers le vingt-cinquième jour, le pigeonneau commence à battre des ailes. Les parents continuent le gavage jusqu’à ses 30 jours, mais on peut le sevrer le 25ème jour.
Quand il n’y a qu’un pigeonneau dans le nid, la mère pond parfois près de lui, dès le vingtième jour et commence une seconde couvaison.
– A 30 jours, les pigeonneaux sont autonomes et volent.
LE MECANISME REPRODUCTEUR
Les noyaux des cellules du pigeon possèdent 62 chromosomes (31 paires). C’est une découverte d’un savant japonais, le professeur Oguma, datant de 1927. Ceci ne veut pas dire qu’ils sont accolés deux à deux, mais que chacun des 31 chromosomes a son frère dans la cellule. Pendant la reproduction cellulaire, les chromosomes ont la forme de bâtonnets microscopiques.
– Chez les oiseaux, c’est le mâle qui porte les chromosomes sexuels XX et la femelle qui est XY. Chez l’homme, c’est le contraire.
– Lors de l’accouplement, l’anus du mâle est accolé à celui de la femelle et le sperme est injecté dans l’oviducte de la femelle. Les spermatozoïdes contenus dans le sperme remontent l’oviducte pour aller féconder deux ovules (puisque la femelle pond deux oeuf). Les deux ovules prêts à la fécondation sont déjà fixés chacun sur un jaune d’œuf (vitellus). Chacun des deux ovules est fécondé par un seul spermatozoïde (le plus rapide et le plus costaud). Les autres spermatozoïdes meurent.
– Un spermatozoïde ou gamète mâle est une cellule dont le noyau ne contient que 31 chromosomes, les paires ayant été séparées à la formation des spermatozoïdes. Comme il provient du mâle, le chromosome sexuel est forcément X. Le spermatozoïde est muni d’une queue (flagelle), qui lui permet de “nager” et de remonter l’oviducte.
Un ovule ou gamète femelle est une cellule dont le noyau ne contient que 31 chromosomes. Comme il provient de la femelle, le chromosome sexuel est soit X, soit Y. C’est donc le chromosome sexuel de l’ovule de la femelle qui détermine le sexe du futur pigeonneau.
– Chacun des deux ovules est donc fécondé par un spermatozoïde (celui-ci entre dans l’ovule) et les 62 chromosomes nécessaires à la création du pigeonneau sont réunis dans chaque ovule (ovule fécondé = zygote).
– Commence alors une division cellulaire complexe, la mitose : l’ovule (toujours dans le jaune d’œuf) se divise en deux cellules, chacune de ces cellules se divisant aussi en deux et ainsi de suite… le capital de 62 chromosomes étant maintenu. Pendant ce temps, l’œuf se forme et est pondu.
L’embryon ressemble alors à un petit disque plat, le blastoderme, situé à la surface du jaune. Il peut rester quelques jours sans mourir, même sans couvage (sans incubation).
Si l’œuf est couvé (à 39°C), les cellules continuent de se diviser en se spécialisant pour former le corps du pigeonneau, tout en consommant le jaune et le blanc de l’œuf.
– Le pigeonneau naît après 18 jours de couvaison, parfois moins si la température extérieure est très élevée.
LA GENETIQUE
Les chromosomes sont essentiellement composés de nucléo-protéines (combinaison de protéines et d’acide nucléique).
On distingue deux types d’acides nucléiques :
- l’acide ribonucléique (ARN), en petite quantité dans le noyau, mais abondant dans le reste de la cellule,
- l’acide désoxyribonucléique (ADN) qui n’existe que dans les noyaux des cellules ; l’ADN a une structure en double hélice.
– Les groupes de molécules d’ADN situés dans les chromosomes constituent les gènes et sont très nombreux. Tous ces gènes sont programmés dès la conception d’un individu, pour le faire vivre et grandir. On parvient maintenant à repérer certains gènes, à identifier leur fonction, parfois même à les modifier.
– Les chromosomes vont par deux. Chaque gène d’un chromosome a son frère sur le chromosome apparié (frère ne signifiant pas forcément jumeau). Lorsque le spermatozoïde féconde l’ovule, les gènes portés par les 31 chromosomes du mâle correspondent à ceux portés par les 31 chromosomes de la femelle. Chaque caractère est donc lié à deux gènes partenaires.
Si ces deux gènes sont identiques, ce caractère est pur (type homozygote). Si ces deux gènes sont différents, ce caractère est impur (hétérozygote). Les gènes présentent parfois un caractère dominant, parfois un caractère récessif. Certains caractères sont liés au sexe, les autres (plus nombreux) ne le sont pas.
– Si l’on considère les deux exemplaires A et B du gène G d’un mâle (les chromosomes allant par paire, les gènes qui y sont “inscrits” codent pour le même caractère mais ne sont pas forcément identiques), et les deux exemplaires C et D du même gène G d’une femelle, l’accouplement peut donner AC, AD, BC et BD (1/4 de chaque). Considérons l’association AC :
- si A seul est actif, le caractère A est dominant et C est récessif.
- si A et C sont actifs, dans ce cas, A et C sont identiques et le caractère est pur (soit dominant, soit récessif).
Quand un caractère récessif est exprimé, il est toujours pur.
Quand un gène est dominant, il se manifeste chez tous les jeunes de la première génération.
– Dans le cas d’un caractère récessif, les jeunes de la première génération sont porteurs du caractère, mais il ne se manifeste pas ( il peut malgré tout se manifester dans leur descendance, en % variable).
Pour expérimenter et déterminer la dominance d’un caractère sur l’autre, il est nécessaire de partir de lignées pures.
– Exemple :
Pour la couleur des cheveux, le brun (B) domine le blond (b) récessif. Comme il a été dit précédemment, à chaque caractère sont associés deux gènes. Les gens qui ont le cheveux bruns peuvent présenter un caractère brun pur (BB) ou impur (Bb). Les blonds sont toujours purs (bb) car b est récessif.
Quand l’un des parents est brun pur BB (espagnol, par exemple) et l’autre blond pur bb (suédois par exemple), les enfants ont quand même tous les cheveux bruns, ce qui montre que le brun domine le blond, mais le caractère brun est impur (Bb) un gène du père et un gène de la mère.
Si le père et la mère sont blonds purs (bb * bb) , les enfants sont tous blonds purs (bb).
Si le père et la mère sont bruns purs (BB * BB), les enfants sont tous bruns purs (BB).
Si les parents sont bruns impurs (Bb * Bb) , ils auront 1/4 d’enfants blonds (bb) et les 3/4 restant seront bruns (BB, Bb, bB).
Si l’un des parents est brun impur (Bb) et l’autre blond pur (bb), ils auront la moitié d’enfants blonds (Bb, Bb, bb, bb).
– On peut faire des constatations du même ordre chez les pigeons. Les colombiculteurs ont beaucoup de références dans ce domaine, car ils maintiennent des caractères purs (couleur, cravate, huppe, capuchon…).
– Nos pigeons voyageurs ne sont pas sélectionnés de la même façon et sont généralement de couleur impure, je n’ai d’ailleurs jamais remarqué de couleur vraiment dominante.
Néanmoins, on remarque que :
Deux bleus barrés ne donnent jamais de rouges, ni d’écaillés bleus.
Deux écaillés ne donnent jamais de rouges.
Généralement, les roux, les rouges, les cendrés qui ont du noir dans les plumes sont des mâles.
– Certains gènes ne sont que partiellement dominants, ou partiellement récessifs (au choix). C’est à dire qu’à la première génération, une partie des jeunes porte un caractère donné, l’autre partie ne le porte pas.
– Parfois survient une caractéristique qui date de plusieurs générations précédentes, c’est l’atavisme.
– Les gènes les plus faciles à mettre en évidence sont ceux liés au sexe, à la couleur, à la structure du plumage. Les colombiculteurs, ont créé quelques centaines de variétés de pigeons de fantaisie.
Mais en ce qui concerne les pigeons voyageurs, le problème est plus épineux, car les gènes qui conditionnent la force, l’endurance, la vitesse, l’orientation ne se manifestent que dans les concours, encore faut-il que le pigeon soit en bonne santé et motivé.
– Une chose est sûre : si vous laissez vos pigeons s’accoupler n’importe comment, sans sélection, la masse tendra à retrouver les caractéristiques originelles du biset. Des colombiculteurs vous le démontrent à volonté et la preuve est bien établie dans les grandes villes : il suffit de regarder les pigeons qui s’y reproduisent en toute liberté.
– La performance sportive est la résultante de la présence d’une multitude de “bons” gènes. Mais notre expérience de colombophile nous laisse penser qu’en général cet ensemble se comporte d’une façon partiellement dominante : dès la première génération on obtient généralement du bon et du moins bon, en % variable.
Avec les moins bons, on peut aussi tirer de bons jeunes, en % variable car les gènes récessifs peuvent parfois s’exprimer dans de nouvelles combinaisons.
– Quand un gène se manifeste, qu’il soit dominant ou récessif, on est certain qu’il est présent, mais quand il ne se manifeste pas on n’est pas certain qu’il le soit.
Il vaut donc mieux produire avec de bons voyageurs. Si vous les avez perdus, essayez des pigeons moins bons de la même souche et sélectionnez plus durement.
– Quand on met des pigeons à la production, il ne faut donc pas se contenter de tirer 2 jeunes, et s’ils sont peu performants conclure que le couple de reproducteurs n’est pas bon.
Au contraire, il faut en tirer au moins dix jeunes, les tester au concours, et garder les meilleurs. Puis continuer dans la même optique pour les accouplements des générations suivantes.
LES MUTATIONS
Généralement, à partir de différentes souches pures, et à propos de caractères bien définis, on peut prévoir mathématiquement les résultats que donneront divers croisements.
Mais la nature nous réserve parfois des surprises : Normalement, d’une paire de gènes se dégage un caractère qui est le fait de l’un, de l’autre, ou des deux s’ils sont semblables. Mais parfois apparaît un caractère nouveau, ou renforcé, qui résulte de la dominance partielle de deux gènes différents (exemple : noir + roux = café au lait).
– Quand, après la fécondation se produisent les premières divisions des cellules, il arrive aussi que des chromosomes appariés se brisent et que les “morceaux” se réunissent différemment.
Ce phénomène est appelé crossing-over ou enjambement et produit donc des caractères différents de ceux des parents.
– Par des observations précises dans les croisements et par une sélection sévère, on peut donc renforcer ou atténuer des caractères donnés.
Les éleveurs ont ainsi créé des pigeons très différents, comme le poule hongrois et le pigeon voyageur, ou parmi les chiens, l’épagneul et le berger allemand.
CONCLUSION
Il existe des milliers de gènes, les combinaisons possibles sont donc multiples et à moins de recourir au clonage, on ne peut qu’essayer d’orienter la reproduction. Élever par croisement (non-consanguin) : Cet élevage procure des jeunes avec un physique et une santé solides. Mais il est difficile de renforcer un caractère donné. Élever en consanguinité (père + fille, cousins germains, etc..) : C’est la méthode la plus utilisée pour renforcer les caractères désirés, mais le physique suit difficilement. Les défauts peuvent aussi se renforcer : il faut donc sélectionner durement. Élever deux ou trois souches différentes en consanguinité, mais séparément, pendant trois ou quatre générations : les caractères se renforcent, les défauts aussi, les caractéristiques physiques s’amoindrissent, sélectionner sévèrement. Puis croiser ces deux souches ensemble : on obtient alors des sujets de grande qualité. Il semble que cette méthode soit utilisée pour les volailles.